dimanche 28 février 2010

Suggestions pour mieux vivre le syndrome post-olympique

1- Écouter les films "Flammes sur glace" sur le mode sourdine et commenter au fur et à mesure à la manière d'Alain Goldberg.

2- Faire dépasser une paire de ski alpin du toit en se faisant à croire qu'Alexandre Bilodeau est en train de se pratiquer sur le toit en vue de ses prochains Jeux Olympiques.

3- S'accroupir avec un regard perçant. Faire glisser le chat sur le plancher avec précision. Balayer avec frénésie devant le dit animal en se faisant à croire qu'il atteindra plus efficacement sa cible, c'est-à-dire, sa litière.

4- Courir après le facteur avec un main dans le dos, jusqu'à ce qu'il passe votre courrier à un autre.

5- Monter sur un tabouret en dansant en rond sur soi-même avec une soucoupe dorée dans le cou question de se faire à croire que l'on est aussi heureux que Marianne St-Gelais.

6- Ajouter des bleuets à tous ses repas afin que J.J puisse prendre une retraite bien méritée!

7- Laisser une place vide à la table question de revivre l'ambiance de plateau des commentateurs des matchs de hockey !

8- Repasser des vêtements "reprisés" durant l'avant-midi pour se rappeler qu'il vaut mieux meubler les temps longs lorsqu'on vit à 3 heures de décalage de Vancouver !

9- Changer le message du répondeur en s'enregistrant dans une boîte en métal pour mieux perpétuer le son des capsules d'Alexandre Despaties.

10- Fumer le cigare et boire de la bière dans un endroit de son choix pour signifier notre appui aux hockeyeuses canadiennes.

À suivre..

vendredi 26 février 2010

Chapitre 3 - L'intensité

Mon escapade divine dans les eaux chaudes aura réussi à faire fondre la glace. Mon cœur bat à nouveau, réveillé par l’électrochoc de ta réponse. La réalité me rattrape. Elle s’expose à moi par tes mots en faisant claquer les volets de mes illusions dans de grands bruits de fracas. Habilement, tu défais les images, tu effaces les traits, tu ajoutes des couleurs que je n’ai pas choisi.

D’une finesse chirurgicale, tu manie l’aiguille et le fil afin de favoriser l’aseptisation. Points par points, tu me recouds afin que je ne prenne pas froid, afin que je ne souffre pas. Plusieurs fois, j’examine le travail minutieux de ta couture, en tentant d’y détecter les failles, les fuites, qui m’offriraient l’espoir d’une souplesse prête à tout rompre. Or, tes mains sont douées d’une précision remarquable. Me voilà donc rafistolée jusqu’au cou, avec au cœur, la cicatrice d’un passé de paradoxes.

Autour de moi, on se félicitera sûrement du succès de l’intervention. Pour eux, comme pour beaucoup d’autres, l’intensité ne peut se vivre que momentanément. L’intensité foudroie, dévaste, bouleverse mais ne peut qu’être dommageable à trop fortes doses. Ces gens là ne me connaissent pas.

Ils ignorent tout de l’immuable force qui m’habite lorsque la passion m’attise, lorsqu’elle me nourrit. Toi, qui à fait naître en moi ce feu, envisages-tu la puissance de mon dragon ou m’entrevois-tu seulement comme une fleur vulnérable qui tangue et se fane au moindre courant d’air?

Sache que dans les deux cas tu te trompes. Il brûle en moi un feu de forge si intense, qu’il arrivera à faire fondre d’émois le cuivre ton armure. Comme la lave je me glisserai de mon volcan et avancerai langoureusement jusqu’à pouvoir attiser ta chair. Je te mordrai de mes tisons. Je t’allumerai de ma beauté. Je t’infligerai le supplice de ne pas pouvoir me prendre pour t’épargner les mains.

Je me déposerai à tes genoux pour t’offrir l’antre de ma source d’étincelles. Je pourprerai tes joues de convoitise en m’habillant de fièvre. Tu seras ensorcelé par ma chaleur. Tu rencontreras le dragon et tu rougiras de plaisir à l’idée d’être son prochain repas.

Mais dans le ventre de la bête, tu découvriras la fragilité de la fleur, la pure blancheur de ses pétales et la douce frivolité de son cœur d’étamines. Tu auras sans doute envie de la cueillir. Ta main se voudra alors douce et rassurante pour l’extirper de la terre de son dragon.

Près de toi, elle se laissera devenir le parfum que tu attends. Elle chancèlera sans doute d’émotions face à l’archange de ton sourire. Mais, attentif, tu la rattraperas et lui donnera le courage de ne pas baisser les yeux. Tu lui reconnaîtras certes sa vulnérabilité mais tu n’oublieras jamais, qu’un jour, tu l’as cueilli ici dans le ventre d’un dragon.

Chapitre 2 – Le bain…

J’ai rêvé de toi. Plusieurs fois déjà. Mais ce matin, le songe m’enveloppe dans les brumes du désir. Mes yeux dans l’aube restent muets. Ils ne veulent plus parler d’autres choses que de ces lieux aux marqueteries multicolores. Mon corps demeure encore tiède. Mes mains se dérobent savamment du réveil en se nichant contre moi, au creux de la caverne sourde de mon ventre. Les doigts de ma main gauche s’entrelacent à ceux de ma main droite dans une prière de dévotion, implorant Morphée afin que les images résistent encore un peu au froid. La supercherie s’installe. Ma conscience dupe reprend le large. Je te retrouve.

L’endroit m’est inconnu. Autour du grand bain s’élèvent de majestueuses colonnes. Une nymphe semble avoir fait glisser son doigt béni tout le long de leurs flancs dans un motif qui consigne le silence. Les colonnes obéissent et témoignent sereinement, leurs têtes étourdies par un ciel de Michel-Ange. À leurs pieds, les dalles dessinent des motifs de fleurs de vie. La géométrie sacrée a envahi ces lieux ou l’homme se baptise de sa propre vérité.

L’eau est chaude. Un lourd rideau de vapeur diaphane s’ouvre sur le spectacle de ta peau. Je ne vois pas ton visage. Pourtant, je ressens ton sourire jusque dans mes reins. Il fait chaud, mais des frissons naissent sur moi avec à leurs cimes, des gouttes d’eau pour abreuver ta soif. Tu te joues de moi. Ton dos me nargue. Ton immobilisme m’appelle. Je reste sur ma rive. Je redessine dans ma mémoire tes courbes, tes monts, tes ombres. Je résiste au chef d’œuvre que tu m’offres pour mieux pouvoir le recréer, à ma guise, à mon gré, dans les moments d’absence.

Mes pieds glissent dans le limpide en créant de grandes sphères translucides. Les ronds vibrent. Par eux, je te touche enfin. Imperceptibles pour l’œil mais éloquentes pour la chair, les vagues te frôlent, comme mes lèvres impudiques auraient souhaité le faire. Tu ne te retournes pas. Tu savoures simplement les pulsations que je dépose sur l’autel de tes hanches.

Je me laisse voluptueusement évanouir dans l’eau. Je me mélange à elle pour mieux m’infuser de toi. Son humide caresse m’inonde et s’attarde sur mes cheveux faisant naître un ballet d’apesanteur. Mon souffle s’égare dans l’âtre de quelques bulles. Au centre de chacune d’elles, se glisse un baiser vital qui me ramène malgré moi à la surface. La tête à demie submergée, mes yeux observent la mort de mes offrandes, unes à unes dissolues par la force de tes marées.

L’eau te partage dans un féroce égoïsme. Elle te veut pour elle seule. Elle ruissèle entres nous comme un mur invisible, comme une puissance sournoise. Elle me noie de ton amour sans jamais m’y laisser perdre le souffle. Je fustige. Je me réclame de toi. Je voudrais tant la vaincre par la nage. Or, tu souris encore d’une délectation visible. Je vous sais désormais complices. À vous deux vous réussissez à m’abreuver de toi tout en me laissant isolée dans l’illusion d’un oasis.

Je m’extirpe de l’eau, vaincue. Je reste quelques secondes encore ruisselante de votre malice. Je m’éveillerai bientôt avec sur les lèvres le goût fécond d’une pureté limpide. Le songe s’achève. Le froid me reprend dans un cycle d’éveil. J’ouvre mes yeux baignés de larmes, baignés de nous.

La Force d'impact -

Nous passons. Nous apparaissons dans la vie d’un être tout aussi unique que nous-mêmes sans de douter que parfois, nous y laisserons une marque indélébile. Nous surgissons de nulle part, nous sommes présentés et deux vies s’en trouvent altérées. Mais qui décide de la force d’impact que nous avons dans la vie d’un autre individu?? Existe-t-il un puissant réalisateur, qui, scénario en main, peux déterminer, hors de tout doute, le rôle que tiendra la dame au chapeau rouge ou le beau jeune homme qui prend place près de vous dans la salle de classe??

Selon certaines philosophies, chaque être qui croise notre destinée possède sa mission propre. Nous rencontrons ainsi des dizaines et des dizaines d’individus qui, par le biais d’échanges plus ou moins intenses façonnent, sculptent, nivellent ou déstabilisent notre personnalité. Ce coefficient d’intensité se présente généralement sous la forme d’un degré d’impact. Or, devons-nous être totalement responsables de du degré d’impact que nous avons dans la vie des gens que nous croisons??

Bien sûr, nous savons qu’il existe des choix et donc des conséquences à tout acte. Nous avons ainsi, lorsque nous sommes suffisamment éveillés ou humble pour le reconnaître, l’obligation morale de faire preuve d’authenticité, de bonne foi et d’honnêteté.

Rien ne sert de marquer inutilement d’un sillon profond, la vie d’une personne pour qui nous n’éprouvons rien, sinon que de la sympathie momentanée. Mais, qu’en est-il de l’envers de la médaille?? Pouvons-nous être responsable de la perception des autres vis-à-vis notre essence?? Certes, il peut arriver qu’un individu soit fasciné ou curieux face à un autre, mais le fait d’être ainsi considéré oblige-t-il son bénéficiaire à une quelconque obligation face à l’autre, si minime soit-elle??

Personne n’a le pouvoir de contrôler totalement la perception des autres. Pourtant, nombre de prétextes s’y prêtent; On ne veut pas être aimé parce que l’on peut créer des situations perturbantes pour celui qui nous imagine nageant allègrement dans sa soupe. Nul n’apprécie le sentiment désagréable d’avoir brisé un ménage, d’avoir bouleversé quiconque sous le seul prétexte d’avoir été soi-même.

À cet effet, nous avons tous en mémoire une des scènes marquantes du film « Fatal Attraction » ou une Glenn Close, passionnée et hystérique, fait tout pour l’objet de son amour. Ce genre de film cultive en nous un sens déraisonnable de la responsabilité que nous avons face aux autres. On ne se laisse plus aimer par peur d’avoir trop d’influence sur la vie de l’autre, étonnant n’est-ce pas?

Il va de soi, que dans un cas de non réciprocité, le bon sens nous dicte de ne pas arroser le germe d’intérêt que semble nous témoigner l’autre. Cela s’appelle de l’empathie. Il arrive pourtant, des situations ou, pour des raisons d’égoïsme ou de flatterie, nous ne pouvons nous soustraire à ce sentiment rafraîchissant d’admiration.

Il faudra pourtant, à un moment ou un autre, revenir à la base et briser l’illusion. Dans le cas contraire, nous créons des relations fausses, douloureuses mais surtout mensongères. Aimer parce que l’on est aimé n’est rien d’autre qu’une duperie de notre ego. Or, lorsque nous nous empêtrons les pieds dans ce type d’engrenage, il peut arriver que nous ayons comme seule issue celle de nous mentir et de nous mentir encore jusqu’à ce que l’autre apprenne la vérité : l’amour était à sens unique.

Cependant, qu’advient-il de notre responsabilité si d’emblée, nous avons fait preuve du plus d’honnêteté possible? Si nous ne savons nous-mêmes la nature réelle de notre sentiment, devons-nous, sous prétexte d’épargner de la tristesse à l’autre, fermer toutes les portes d’une éventuelle relation?? Le sabotage est-il devenu l’issue par excellence de la peur de l’engagement?? Seul les devins, et encore, peuvent prédire hors de tout doute, la destination ultime d’une relation, et ce, tant amoureuse qu’amicale.

De multiples facteurs entrent en jeux. Parmi ces facteurs, les circonstances tiennent la place d’honneur. Certains événements, qui jusqu’ici nous avaient tenu à l’écart d’une personne, en apparence sans importance, change totalement notre perception de cet individu. Nous lui trouvons soudainement de nombreuses qualités, de multiples points communs, une beauté spéciale. Qu’advient-il de notre position de départ si nous l’avions d’emblée mis au rencart parce qu’aucune garantie nous pouvais être donné sur cet enjeux relationnel. Nous devenons alors notre propre saboteur??

Laisser le libre arbitre constitue la seule solution équilibrée dans ce genre de situation. Les deux parties impliquées pourront ainsi choisir d’augmenter ou de diminuer le coefficient d’impact de l’autre dans sa vie. La relation revêt alors les attributs de la franchise, de la transparence mais surtout de la confiance. Tant l’amitié que l’amour ont besoin de cette confiance au bonheur.

Cessez d’être soi, couper des liens, fermer des portes, sous prétextes que nous voulons épargner de la peine aux autres est une utopie. Choisissons plutôt les voies de la spontanéité, de la réceptivité et du courage. Car, nul ne sait vers quelle belle rivière peux mener une simple goutte d’eau.

L’AUTEUR DES TEMPS MAUVAIS

Un jour, dans un endroit un peu étrange de l’univers, vivait un homme au talent inédit. Dans sa cabane de bois, confortablement isolée des bruits de la ville, s’entassaient des tonnes de livres. Le facteur du village, bavard à souhait, racontait d’ailleurs qu’il recevait chaque jour, plus d’une dizaine de bouquins, d’un peu partout dans le monde. En fait, sans en connaître la véritable provenance, tous s’accordaient à dire que toutes les plus belles fables, tous les plus merveilleux contes, toutes les plus magiques histoires finissaient un jour ou l’autre par lui être envoyées. Que faisait-il de tous ces livres? Ça, personne ne le savait.

Chaque matin, aux aurores, l’homme choisissait, au hasard, une histoire dans l’une de ses nombreuses bibliothèques. Il montait ensuite à l’étage, se préparait une tasse de café brûlant et entreprenait la lecture sommaire de l’œuvre choisie. Puis, il réécrivant le tout s’assurant que la fin y soit éminemment malheureuse. C’est que, voyez-vous, l’homme cachait un grand secret : il lui était impossible de concevoir des fins heureuses. Aimant la compagnie des livres et leur apport nourricier, il s’avérait impensable pour lui de s’obliger à subir constamment les déferlements émotifs de tous ces dénouements exagérément heureux, si typiques aux contes de fées. Pourquoi diantre tant d’esclandres d’irréel ? Pourquoi tant de bonheurs futiles alors que la vie ressemble bien plus à un amas de tristesse, à un monument de morosité?

Mettant à profit son talent d’écriture, il entreprit donc de devenir l’auteur des temps mauvais. Grâce à son apport réaliste, le vilain petit canard ne devint donc jamais un cygne et mourus triste et esseulé sur le bord de son étang. La belle au bois dormant ne s’éveilla jamais non plus sous le doux baiser de son prince charmant. Il en choisi plutôt une autre, plus belle, plus éveillée, avec laquelle il aurait volontiers partagé sa vie s’il n’avait pas été bêtement tué par la ruade d’un cheval sauvage.

Pinocchio, pour sa part, continua de mentir, si bien qu’il ne devient jamais un véritable petit garçon, reléguant du même coup la fée bleue aux oubliettes. Comme si ce n’était pas suffisant, Jiminy Grillon se morfondit pour le reste de ses jours dans l’amertume et la culpabilité de ne pas avoir pu transmettre efficacement ses conseils à l’entêtée marionnette.
Étonnamment, les chasseurs arrivèrent à temps pour ouvrir le loup et délivrer le petit chaperon rouge et sa grand-mère. Mais, la scène se termina dans un rituel funeste ou les deux protagonistes furent trouvés morts et digérés depuis longtemps. Même Cendrillon, n’eut aucune aide pour terminer sa robe de bal. C’est plutôt la plus affreuse de ses demi-sœurs qui, fut l’heureuse élue et mena avec le prince une vie de violence et de pauvreté. Et, il en fut ainsi pour des dizaines et des dizaines de contes, de légendes et de fables.

Chaque soir, convaincu de la justesse de sa démarche, l’homme s’endormait l’esprit paisible, le cœur sans éclats sur un nouveau livre tristement transformé. Mais, en aurait-il ainsi s’il avait su l’impact réel de sa mission si égoïstement accomplie ?

Ailleurs, à l’autre bout des mondes, un jeune garçon revenait de sa classe le cœur gonflé d’espoir. Après des semaines passées à désherber le jardin de Mme Fleurette et à promener le chien de M. Schnauzer, il avait enfin réussi à économiser assez d’argent pour se procurer son livre préféré, l’histoire magique d’Hansel et Gretel.

Alors qu’il était enfant, son grand-père avait pris l’habitude de la lui raconter tous les soirs, imitant tours à tours la voix sordide de la sorcière puis l’euphorie contagieuse des enfants enfin libérés. Or, le grand-père les avait quitté, sa sœur et lui, quelques mois plus tôt, emporté par une épidémie de fièvre espagnole. Il s’agissait donc maintenant bien plus que d’une histoire Il s’agissait de faire revivre, en lui, l’espoir d’une vie triomphant enfin de la mort.

Le livre bien à l’abri dans son parka, il entra chez lui en coup de vent. Sa sœur soupira d’exaspération sous l’amoncèlement de neige qu’avaient laissé ses bottes sur le tapis fraîchement balayé mais, elle se retint de le gronder. Elle se contenta de l’observer du coin de son œil amusé tandis que le jeune lecteur se réfugiait, tout près du feu, en plongeant dans l’histoire de ses souvenirs, des yeux ronds de bonheur.

Pendant ce temps, chez l’auteur des temps mauvais, la bouilloire sifflait une nouvelle victoire. Tout en infusant son thé, l’auteur se leva pour remettre en place le livre de la journée. Sur la couverture rouge, on pouvait y lire en grandes lettres dorées, Hensel et Gretel.

Plusieurs d’entres-vous auront sans doute bien envie de prendre ici une pause, question de pouvoir se préparer mentalement à la suite de cette histoire. Beaucoup prieront aussi intérieurement pour qu’un événement inattendu survienne épargnant au jeune garçon les foudres du mauvais sort jeté sur son livre tant aimé. Certains, les plus utopiques, souhaiteront même à l’homme un coup d’esprit repentant qui, grâce à la découverte d’un crayon magique, redonnerait à tous les livres la fin heureuse qui leur était destinée…

Mais, ne rêvez pas trop. Il n’y a pas de bonne nouvelle. Cette histoire est passée il y a des lunes déjà sous le scalpel morose de l’auteur des temps mauvais. Alors, mieux vaut se résigner à la suite des choses…

Le jeune lecteur resta un long moment interloqué devant le conte qui jadis, l’avait tant fait rêver. Se pouvait-il que, dans son imaginaire d’enfant, il ait pu modifier intérieurement la fin pour la rendre plus joyeuse. Pire, était-ce possible que son grand-père lui ait « gentiment » menti pour lui épargner la triste réalité du conte ?

Les yeux baignés de larmes, il referma le livre et entreprit de le lire une nouvelle fois du bout des doigts, effleurant chacun des mots pour mieux les ressentir. Il examina aussi longuement les détails de chaque image. Il s’efforça de reconnaître particulièrement cette scène ou la sorcière, ricanant de ses trois dents, se félicitait d’avoir si divinement apprêté les deux enfants. Mais, rien ne ressemblait à rien. Qu’était-il advenu du courage, de la complicité et par-dessus tout la magie ?

Il sentit peu à peu son cœur se refroidir. L’issue aurait sans nul doute été fatale si sa sœur n’avait pas lancé, à sa vue, un cri d’effroi. Elle lui ordonna fermement de refermer le livre mais, les dommages étaient déjà bien apparents. Son frère venait de vieillir de près de trente ans en moins de trois minutes et les rides qu’il avait maintenant à ses yeux, traduirait à jamais sa lourde déception.

Fier d’avoir offert à la sorcière un festin beaucoup plus à propos, l’auteur alla quant à lui se mettre au lit. Il souffla la bougie mais, le sommeil ne vint pas. Lui, ordinairement si calme sentait l’angoisse le guetter, là dehors, comme un ennemi qui vous observerait en silence, derrière une fenêtre. Il se résonna enfin et se recoucha convaincu des nombreux avantages du dramatique de sa propre fin. Sa mort, aussi macabre soit-elle, aurait au moins le charme réaliste de ses plus morbides écrits.

Or, cette nuit là, il n’arrivait plus à dompter les dragons de ses insomnies Il se releva donc et joignit l’inutile au désagréable en choisissant dès lors, le conte du lendemain. Son choix s’arrêta sur un bouquin dont les nouvelles issues fatalistes seraient tout simplement délectables : Le Chat botté. Croyant à tord que son esprit se reposerait enfin à l’idée de son éventuel travail, il souffla à nouveau la bougie et attendit le sommeil. L’entreprise fût une nouvelle fois ans succès. Résolument résigné, vicieux comme un pléonasme, il sortit finalement sa plume et commença la réécriture nocturne.

Puis, l’impossible se produisit. En un clin d’œil, toutes ses métaphores pessimistes avaient été changées pour des moments heureux, des allusions délicates, des images doucereuses Il posa un instant sa plume pour examiner méticuleusement le manège. Il semblait que celle-ci lui écrivait, à lui, remplaçant un à un, ses mots par d’autres beaucoup trop jolis. Égoïsme céda ainsi sa place à partage, grisaille à arc-en-ciel, questionnements à certitudes, et pire, solitude à amour…

La plume, sous l’emprise d’une évidente euphorie, lui parlait soudain de lunes pleines, de plaisirs gourmands et de voyages mystiques. Il crut un moment en sa propre défaillance. Le manque de sommeil le terrassant sans doute d’hallucinations. Dans un élan de colère, il déchira le livre et brisa sans remords sa plume favorite. Il choisit un autre livre, Blanche Neige, et remplaça la défunte plume par une toute neuve, vierge de tout présupposé enchantement. Il la trempa nerveusement dans l’encrier à de trop multiples reprises, tentant désespérément de reprendre son pouvoir sur les mots en créant des tsunamis d’encre noire.

Il rehaussa d’amertume toutes les plus plates images. Il ajouta de l’indifférence à la fatalité des adjectifs. Il suspendit plus que nécessaires des points au bout des phrases pour leur donner une lourdeur insoutenable. Or, rien n’y fit. Le papier finissant immanquablement par se peupler d’oiseaux à la légèreté attachante qui se déposaient malgré lui sur la corniche de son cœur. Il passa ainsi tout le reste de la nuit à se questionner sur l’émergence de cet inattendu déluge d’émotions, le cœur à demi-noyé, à demi-ressuscité par tant de fulgurantes métaphores.

Au matin, la jeune sœur de notre lecteur prépara de savoureuses crêpes au beurre et du jus d’agrumes fraîchement pressés. Des ombres de fatigue inventaient des plages sous ses yeux mais, ses lèvres s’humectaient d’un doux sirop de satisfaction. Elle avait en fait passé toute la nuit à écrire des alexandrins, des allégories, des ritournelles et des récits à l’auteur du livre maléfique qui, la veille, avait impunément terrassé son frère.

Sans savoir si celui-ci reconsidérerait le dénouement malheureux du conte, elle était toutefois persuadée d’avoir su trouver le ton parfait pour entrebâiller ce qui lui semblait être, le plus fermé des cœurs. Après avoir relu une dernière fois ses offrandes littéraires, elle parfuma sa lettre d’un léger parfum de pêches et se dirigea vers le bureau poste, l’esprit en fougue.

L’auteur des temps mauvais ne vit pas le matin s’installer. La tête bourdonnante, les sens en dévire, il entama son cinquième café. Il se devait de prendre appui pour éviter de chavirer complètement sous l’influence de ce vertige. L’idée ne lui vint pas d’exulter sa défaillance par l’écriture d’une autre fin tragique. Il n’en avait tout simplement pas la force. Il se sentait lui-même victime du plus rocambolesque des synopsis. Car, bien qui ne l’avouerai jamais, pas même sous l’esquisse d’une scène adorablement fignolée de tortures extrêmes, il avait été touché, droit au cœur. Toutes ces certitudes les plus solidement ancrées, s’en trouveraient éternellement ébranlées.

L’homme se sentait fendre de l’intérieur. Les mots de l’anonyme avait eu ce double tranchant qui ne laisse aucune chance à ses victimes. Paralysé par la peur de céder à sa propre vision chimérique, la faille, en lui, céda. Replié sur lui-même en un dernier soubresaut d’égocentrisme, il assista, impuissant, au plus dévastateur des tremblements de cœur.

Par la voie d’une quelconque magie littéraire, la lettre est un jour parvenue à destination. Le facteur eut beau frapper à plusieurs reprises, l’homme ne lui ouvrit plus. S’est-il écoulé des jours, des semaines, voire des années avant que vous ne lisiez ces lignes? Peu importe pourvu que vous appreniez un jour le tragique destin que fut celui de l’auteur des temps mauvais.

Avouez, que durant un instant vous aviez presque oublié que cette histoire avait été ponctuée de sa touche fataliste? Vous auriez souhaité qu’il accepte ce renouveau intérieur, qu’il le laisse fleurir en lui. Qu’en recevant la lettre, il décide de partir à la rencontre de la belle unissant l’équilibre de leurs mots en un baiser passionné. Mais, cessez donc de rêver, que de gaspillage de temps et de capacités intellectuelles !!! Pffff!

Encore aujourd’hui, on raconte qu’il exerce son talent fou à ne pas être heureux. Il reste confortablement assis à se bercer au gré de l’angoisse qui a troqué le domicile de ses histoires, pour l’intérieur confortable de sa conscience. Au fait, rendez-lui service. Ne vous morfondez pas trop d’inquiétudes pour lui car, cette triste fin, après tout c’est lui qui en est l’auteur.


FIN

Chapitre 1 - À coeur ouvert..

J’ai passé l’avant-midi avec le cœur ouvert. Une opération délicate, s’il en est une, que de s’ouvrir soi-même. J’affutais pourtant mon scalpel depuis déjà plusieurs semaines, question qu’au moment venu je n’aurai qu’à passer délicatement la lame pour me retrouver mise à nue. Tandis que les phrases coulaient de mes doigts pour te répondre, je sentais le froid du métal me frôler le cou, mordant d’une brûlure l’abysse de ma poitrine tout en créant une faille étroite jusqu’à mes côtes. À chaque virgule, je sentais mes vaisseaux craqueler sous la pression de mes présuppositions. Le sang qui bouillait sur mes tempes et remontait jusqu’au cramoisi de mes joues, m’obligeais à terrasser le curseur dans l’urgence de ma prochaine libération.

Près de moi, les défibrillateurs, le sérum d’adrénaline et le respirateur artificiel attendaient, en théorie, l’heure fatidique de ma présumée suffocation. Je dis en théorie parce qu’au fond, aucun de ces équipements ne m’auraient été vraiment utile. Dans un scénario hémorragique, je ne souhaitais pas une réanimation. Je n’autoriserais pas plus une anesthésie. Ma volonté m’apparaissait claire. Il me fallait simplement vivre l’intensité de ce moment le cœur ouvert. Ouvert pour que tu puisses mieux le voir. Ouvert pour que tu puisses mieux le prendre.

J’ai déposé le point final à 9 :44 :33 sec. L’aveu était commis. Mon coma s’installait déjà. Pour les prochaines minutes, peut-être même les prochaines heures, le moniteur guetterait ta présence, à intervalles réguliers. Moi, je m’engourdirai dans la glace. On dit qu’il est plus facile de conserver l’âme ainsi à découvert. Et puis, je ne crains pas l’hypothermie. J’ai déjà si froid parfois. Dans le silence, tout ralenti. Mes yeux fixent le vide. J’attends. J’attends.

mercredi 24 février 2010

Le Banquet des affamés

«Le Banquet des Affamés»

Vivre le moment présent c’est vivre son essence dans toute sa splendeur. C’est parfois le retour d’un équilibre perdu ou dans une tergiversation momentanée nous avions mis au rencart des éléments essentiels du respect de soi. Les saveurs de ce retour aux sources sont aussi diversifiées qu’une table de banquet ou chacune de nos expériences tient lieu de mets délectables. Or, l’abondance, voire la surabondance de ce menu nous place indubitablement devant des choix. Choisirons-nous le jeune, la gourmandise, la satiété ou la dégustation ? Vivrons-nous intensément ce moment présent de satisfaction ou jouerons-nous plutôt la carte de la raison ?

D’emblée, si nous laissons notre subconscient guider nos impulsions, la passion nous dictera de mordre à belles dents dans cette opportunité de grande jouissance gustative. Afin de préserver la magie du moment, nous établirons même quelques rituels. Nous saisirons l’assiette avec une tendresse marquée, prenant soin de la garnir d’une belle variété de couleurs et de saveurs. Nous voudrons créer l’équilibre parfait entre les frissons du sucre, le pincement léger du sel et la chaude sécurité des miches de pain. Et, tandis que nous nous appliquons à agencer ces merveilleuses victuailles nous faisons l’expérience du moment présent sans penser à autre chose que le bonheur des parfums sur notre langue à l’affût.

Pourtant, tandis que les nectars s’infusent en notre âme et que le craquant des fruits nous procure un sentiment d’euphorie momentanée, du plus profond de notre tête fromagée resurgit l’inconscient. Et si nous étions en train de commettre une erreur?? Et si nous étions en train de vivre trop intensément le moment présent?? Les questionnements resurgissent des abysses de la peur. Soudain nous craignons l’amertume des raisins, nous avons la frousse à l’idée que la pomme ne nous cause des pépins. Nous regardons les huîtres en nous disant qu’il vaudrait bien mieux se refermer. Lentement, ainsi, nous déposons notre assiette en évoquant la trop grande intensité du moment présent.

Les regrets sont le dessert d’un banquet de cet acabit s’ils ne sont pas immédiatement transformés en sorbet de certitude. Nous devons alors prendre un pas de recul pour constater avec stupeur que nous avions entamé ce repas avec le désespoir de l’affamé. La faim de vie, l’envie de dévorer ces brioches de bonheur nous ont pris par surprise. Car, sur cette grande tablée de circonstances, nous avions oublié un élément essentiel. Le partage. Les repas les plus exquis n’exultent leur magnificence que s’ils sont consommés dans l’échange, dans le respect et dans la confiance.

Les yeux rivés sur le plafond de la spontanéité, nous tentons alors de rectifier les choses. Nous reprenons lentement notre assiette et nous nous assurons que les aliments de notre convoitise auront la même saveur peu importe qui les consomment. Nous sortons de notre égoïsme et nous nous édifions en constatant les perceptions de l’autre. Avec humilité nous apprenons qu’il n’y a rien de moins sûr qu’un citron, que les pires navets peuvent avoir du piquant et que mieux encore, nous pouvons avoir les yeux tout aussi pétillants que la panse.

Une fois rassasié, nous digérons lentement ce moment de gloire de l’âme. Nous sommes fiers puisque nous avons eu le courage de nous mettre à table. Nous avons mordu dans la vérité avec l’espoir qu’elle ne serait pas trop amère. Les coupes de l’authenticité se sont vidées, puis remplies à nouveau avec la foi que chacun accorderait une attention particulière à ne jamais les faire déborder. Certes, nous ne connaîtrons jamais parfaitement chaque miette de pain, chaque noyau de pêche ou chaque bulle de champagne, mais nous faisons désormais confiance à la vie pour nous faire découvrir toutes les différences.

Dans le grand palais de la gourmandise, il existait jadis une grande pièce que l’on appelait le banquet des affamés. Une grande porte de bois s’élevait devant les tables garnies de milles friandises. Depuis notre passage, la porte demeure à jamais entrouverte. Parfois, lorsque le cœur nous en dit ou que la faim nous tenaille, nous nous permettons de humer les parfums fantasmagoriques de notre idéal. Car, nous savons de part et d’autre que si nous avons envie de prendre part au banquet, nous y serons à jamais les bienvenus

dimanche 21 février 2010

"Harmonie en deux temps" - extrait de mon recueil de textes

Les questions casse-tête ?

Déjà, en lisant ce titre, l’une d’entre-elle a sûrement vu naissance quelque part dans la grande voûte de votre curiosité. Ce n’est d’abord qu’une question parmi une autre, banale en apparence mais pourtant non dépourvue de sens. Or, si elle mérite d’être posée, ne mérite-t-elle pas aussi d’y être répondue? Qu’advient-il de toutes ces questions que nous nous posons l’espace d’un court instant et que nous laissons là, suspendue, faute d’avoir été rassasiée par une réponse convenable?

Pour répondre à cette question il faut d’emblée mettre à profit le principe même que nous cherchons à comprendre. Ainsi, les questions qui fusent dans notre esprit obéissent parfois à une certaine logique de temps. De l’âge des pourquoi incessants du début de l’enfance en passant par l’émergence des grandes questions existentielles de la trentaine, les questions sont là, un peu comme des bouées, des balises, mises à notre disposition lorsque le périple de notre vie nous bouscule un peu trop.

PASSÉ

Parfois elles sont empruntées au passé. Elles prennent alors le ton des regrets, des avenues d’intentions pieuses mais non réalisées...Que serait-il arrivé si j’avais persévérer dans la voie créative plutôt qu’avoir choisi une voie scientifique? Ou serais-je aujourd’hui si j’avais eu le courage de lui avouer mes véritables sentiments? Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour en arriver là? Ces questions surgies de notre passé sont légitimes. Mais, se pourrait-il que ce soit à défaut de ne pas avoir pris le temps d’y répondre que vous les croiser encore ici, dans un texte aux naïves apparences?

PRÉSENT

D’autres questions appartiennent quant à elles au présent. Devrais-je rester dans ce travail qui ne me nourrit plus? Est-ce que cet inconnu mérite que je lui accorde une si grande place? Me mérite-t-il vraiment? Ai-je envie de participer à cet événement ou devrais-je prendre un peu plus de temps pour moi ? Les questions du présent sont en fait celles qui joue un rôle prépondérant dans l’instant, mais qui portent également en elles, l’esquisse d’un futur façonné par votre réponse ou par votre absence de réponse. Aviez-vous déjà envisagé la question sous cet angle? Intéressant non?

FUTUR

Les questions qui nous amènent à nous projeter dans un futur plus ou moins proche possèdent elles aussi des caractéristiques particulières. En fait, elles bénéficient d’une culture d’intériorisation beaucoup plus répandue. Par déséquilibre, nous avons le réflexe de nous immobiliser pour réfléchir lorsque vient le temps de faire un bond en avant. Généralement, nous prenons alors soin de mesurer, avec méthode et rigueur, la distance nécessaire à un atterrissage sécuritaire. Qu’arrivera-t-il si je prends cette décision? Qu’adviendra-t-il de mon plan de vie si je décide de donner suite à ce désir? Si je ne fais pas le bon choix, ou tout cela me mènera-t-il ? Et si je ne répondais pas cette question ?

LES MORCEAUX

Les questions casse-tête sont des questions qui un jour ont traversé votre vie et pour lesquelles vous ne vous êtes jamais véritablement arrêté pour y répondre. Qu’est-ce que j’aime ? Quelles sont mes véritables valeurs ? Ai-je envie de toujours ménager la chèvre et le chou en m’oubliant pour les autres ? Suis-je obligé de faire tous ces compromis pour avoir droit à ma part du bonheur ? Exercer un métier que j’aime dans la vie est-il systématiquement synonyme de pauvreté ou d’absence d’abondance ? Comment allais-je reconnaître le véritable amour? Suis-je prêt à accueillir l’autre avec toute la confiance et l’authenticité que cela implique ? Ai-je la force nécessaire pour affronter les obstacles qui me séparent d’une véritable plénitude au quotidien?

Pourtant, votre narrateur interne vous fait rejouer la bande sonore de ces questions à intervalles plus ou moins réguliers. Vous choisissez parfois d’en faire abstraction. D’autres fois, vous feignez une ignorance qui vous apporte, sur un plateau d’argent, d’affriolants gains secondaires. Bien souvent, vous les balayez aussi en dessous du tapis de l’inconfort connu, oubliant volontiers les allergies suscitées par vos répétitives esquives.

Or, le fait que vous laissiez ainsi suspendues les plus vitales questions n’empêche pas votre inconscient d’en saisir, avec une ingéniosité déroutante, tous les véritables enjeux. Ironiquement, il sait bien avant vous que les réponses à ces questions seront les charnières d’évolution de votre vie. Petit patron dans la grande conscience collective, il invite le hasard et la synchronicité à s’allier dans un tandem redoutablement créatif. Ils nous servent ainsi, par le biais de scénarios platement redondants, les mêmes questions de subsistance. Et ce, inlassablement, jusqu’à ce que nous choisissions, enfin, de leurs trouver une réponse claire et humblement concise.

De morceaux en morceaux, c’est question sont devenues un grand casse-tête. Pourquoi? Tout simplement parce que par leurs réponses vous trouverez indubitablement la pièce manquante d’une image plus complète de vous-même.

LA MAIN DANS LE SAC

Dans votre propre sac de questions ignorées, oubliées, récurrentes ou compromettantes, je vous propose aujourd’hui de plonger une main calme et confiante. Certes, cette décision, ce choix ou ce non choix vous appartient totalement. Or, n’oubliez pas que vous savez désormais qu’une partie de vous n’acceptera pas de rester sans réponse. Allez-vous laisser passer une nouvelle fois une opportunité d’ajouter de nouvelles perspectives à votre destinée ? Ferez-vous aujourd’hui la preuve d’un ultime courage en osant regarder en face une partie longtemps voilée de votre véritable essence ?

Présupposons que vous vous êtes laissé gagner par une sorte de gourmandise de bien-être. Que vous acceptez, bien gentiment, de vous prêter à ce jeu questionnaire, hors des sentiers du banal et de l’ordinaire. D’abord, allons à l’essentiel. Fermez les yeux et imaginez, à l’intérieur de vous, l’endroit exact ou pourrait se cacher votre sac de questions. N’hésitez plus, délivrez-le enfin de l’oubli. Avancez vers lui pour découvrir la texture du tissu qui le compose. Admirez les détails de sa décoration. Froissez l’étoffe pour savourer son bruissement léger.

Puis, pigez l’une d’entres-elles et lisez-là d’abord pour vous-même. Puis, tentez de situer le moment de sa naissance? Quel âge aviez-vous ? En étiez-vous à vos premières armes ou au contraire il s’agit plutôt d’une question qui a fleuri au beau milieu de votre champ de sagesse? À quoi fait-elle référence? S’agit-il d’une question d’environnement, de comportement, de capacité, de croyances, de valeurs ou d’identité ?

Respirez un bon coup. Le pire est fait. Il ne vous reste plus qu’à prendre un instant de plus pour m’écrire, en guise de réponse, la question que vous avez pigée. En attendant la suite par l’entremise de l’artisane-des-mots, je vous invite à vous récompenser pour ce geste de bravoure que vous venez de poser pour vous-même. Offrez vous ce que vous aimez aujourd’hui. Un petit rien. Un grand tout. Peu importe…Pourvu que le plaisir soit au rendez-vous…

À bientôt….

samedi 20 février 2010

Ma démarche artistique

J’aime les mots. Je les aime lorsqu’ils s’offrent en un banquet d’émotions viscérales. J’aime leurs façons de s’unir les uns aux autres dans un maillage exquis dont les saveurs et les couleurs forment l’embryon de nos images intérieures. Impunément, les mots s’exposent alors au regard de l’explorateur, cherchant à travers lui, un sentier de résonnances vers une existence essentielle.

J’aime les mots et j’ouvre mon être à leur naissance. Par eux je suis interpellée, par eux je m’interpelle aussi. Si je les pique en courtepointe pour mieux me réchauffer de leur présence, ils sont aussi, bien souvent, le miroir des ombres que je m’emploie, inconsciemment, à éviter de regarder.

J’aime les mots, car l’Art en a un jour revendiqué la paternité. Ainsi, au contact de leurs âmes sœurs artistiques, mes mots ruissellent, déferlent dans un torrent d’inspiration. Terrassée par de grands tremblements d’émois, défaillante de subjugation, je transforme alors la beauté de ce que je vois en véritable tsunami créatif. D’images en mots, de mots en images, les toiles, les photos, les œuvres, s’aventurent ainsi hors de leur cadre initial pour franchir les frontières d’une nouvelle perspective.

J’aime les mots, car par le subjectif de ma contemplation, je conjugue le présent de mon expérience. J’offre ainsi de nouvelles pistes de réflexion intérieures, et ce, tant pour le créateur de l’œuvre que pour celui qui en admire les fruits. Par mes métaphores, le peintre découvrira donc parfois la véritable origine de ses personnages, de ses paysages. Il apprendra aussi combien sa toile savait déjà si bien nous le raconter, nous le dévoiler. Pour l’admirateur, il s’agira surtout d’emprunter des chemins d’exploration différents où les mots guideront le regard, où le regard fera vibrer les mots et où l’union de ces deux sens s’ajoutera à la sublimité de l’expérience.

J’aime les mots parce qu’ils savent apprivoiser l’universalité. Par eux, j’entends donc convoiter bien des cœurs fermés à s’ouvrir à la magie, à la beauté des arts visuels. Et, parce qu’ils sont d’habiles dompteurs d’émotions, je souhaite que mes mots dressent une grande table à la délicieuse saveur de l’Art.