Démarche artistique


J’aime les mots. Je les aime lorsqu’ils s’offrent en un banquet d’émotions viscérales. J’aime leurs façons de s’unir les uns aux autres dans un maillage exquis dont les saveurs et les couleurs forment l’embryon de nos images intérieures. Impunément, les mots s’exposent alors au regard de l’explorateur, cherchant à travers lui, un sentier de résonnances vers une existence essentielle.

J’aime les mots et j’ouvre mon être à leur naissance. Par eux je suis interpellée, par eux je m’interpelle aussi. Si je les pique en courtepointe pour mieux me réchauffer de leur présence, ils sont aussi, bien souvent, le miroir des ombres que je m’emploie, inconsciemment, à éviter de regarder.

J’aime les mots, car l’Art en a un jour revendiqué la paternité. Ainsi, au contact de leurs âmes sœurs artistiques, mes mots ruissellent, déferlent dans un torrent d’inspiration. Terrassée par de grands tremblements d’émois, défaillante de subjugation, je transforme alors la beauté de ce que je vois en véritable tsunami créatif. D’images en mots, de mots en images, les toiles, les photos, les œuvres, s’aventurent ainsi hors de leur cadre initial pour franchir les frontières d’une nouvelle perspective.

J’aime les mots, car par le subjectif de ma contemplation, je conjugue le présent de mon expérience. J’offre ainsi de nouvelles pistes de réflexion intérieures, et ce, tant pour le créateur de l’œuvre que pour celui qui en admire les fruits. Par mes métaphores, le peintre découvrira donc parfois la véritable origine de ses personnages, de ses paysages. Il apprendra aussi combien sa toile savait déjà si bien nous le raconter, nous le dévoiler. Pour l’admirateur, il s’agira surtout d’emprunter des chemins d’exploration différents où les mots guideront le regard, où le regard fera vibrer les mots et où l’union de ces deux sens s’ajoutera à la sublimité de l’expérience.

J’aime les mots parce qu’ils savent apprivoiser l’universalité. Par eux, j’entends donc convoiter bien des cœurs fermés à s’ouvrir à la magie, à la beauté des arts visuels. Et, parce qu’ils sont d’habiles dompteurs d’émotions, je souhaite que mes mots dressent une grande table à la délicieuse saveur de l’Art.