vendredi 26 février 2010

Chapitre 1 - À coeur ouvert..

J’ai passé l’avant-midi avec le cœur ouvert. Une opération délicate, s’il en est une, que de s’ouvrir soi-même. J’affutais pourtant mon scalpel depuis déjà plusieurs semaines, question qu’au moment venu je n’aurai qu’à passer délicatement la lame pour me retrouver mise à nue. Tandis que les phrases coulaient de mes doigts pour te répondre, je sentais le froid du métal me frôler le cou, mordant d’une brûlure l’abysse de ma poitrine tout en créant une faille étroite jusqu’à mes côtes. À chaque virgule, je sentais mes vaisseaux craqueler sous la pression de mes présuppositions. Le sang qui bouillait sur mes tempes et remontait jusqu’au cramoisi de mes joues, m’obligeais à terrasser le curseur dans l’urgence de ma prochaine libération.

Près de moi, les défibrillateurs, le sérum d’adrénaline et le respirateur artificiel attendaient, en théorie, l’heure fatidique de ma présumée suffocation. Je dis en théorie parce qu’au fond, aucun de ces équipements ne m’auraient été vraiment utile. Dans un scénario hémorragique, je ne souhaitais pas une réanimation. Je n’autoriserais pas plus une anesthésie. Ma volonté m’apparaissait claire. Il me fallait simplement vivre l’intensité de ce moment le cœur ouvert. Ouvert pour que tu puisses mieux le voir. Ouvert pour que tu puisses mieux le prendre.

J’ai déposé le point final à 9 :44 :33 sec. L’aveu était commis. Mon coma s’installait déjà. Pour les prochaines minutes, peut-être même les prochaines heures, le moniteur guetterait ta présence, à intervalles réguliers. Moi, je m’engourdirai dans la glace. On dit qu’il est plus facile de conserver l’âme ainsi à découvert. Et puis, je ne crains pas l’hypothermie. J’ai déjà si froid parfois. Dans le silence, tout ralenti. Mes yeux fixent le vide. J’attends. J’attends.

1 commentaire:

  1. Comme j'ai été niais de lire ton texte au premier niveau !
    Est-ce que je comprends bien que tu sois en attente d'un autre qui t'aime ou dont tu aurais espéré l'amour ?
    Tu restes mystérieuse encore et c'est bien ainsi ! Tu me forces à quitter mes certitudes et l'univocité si pratique des échanges quotidiens mais si lourds en écriture !
    Je poursuis ma lecture !

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