mardi 23 mars 2010

Chapitre 11 – La mort

J’aurai été Gala, Camille et Georges sous ton égide inavoué. Je serai morte à défaut d’avoir su t’enjoindre à la folle tentation d’une compromission. Je m’efface, lettres par lettres, à reculons, dans un présent que j’aurai voulu plus que parfait.

Je goûte la mort parce que par elle, tout s’engloutit. Tout, y compris les fautes non-commises, les syntaxes douteuses et les ponctuations frauduleuses. Le soleil contraste avec le froid qui voyage sur mon épiderme à la vitesse de ton silence. Adieu à toi muse d’ouragan à jamais muselé pour le salut de mon repos.

Je t’en prie ne verse pas de larmes car, je préfère volontiers le sel de ta sueur espérée à l’eau amère de tes yeux. Ne te morfond pas non plus dans des gouffres de questionnements. Tu n’aurais rien pu faire de plus que d’être admirablement fidèle à l’idée que tu te faisais de la vie.

Pardonne-moi ce basculement vers les ténèbres. C’est que vois-tu, le diable m’a conquise en reprenant savamment tes moindres traits. Ne vaut-il pas mieux d’une mort d’enfer à partager l’ombre de toi plutôt qu’une vie de paradis en t’oubliant tout à fait ?

Giflée par la monotonie d’un quotidien, j’ai abdiqué, moi l’éternelle guerrière. Je t’ai fait mensonge de mon indéfectible courage. Et ce fut là, ma première et ma toute dernière trahison.

Le cœur agonisant, je repasse une dernière fois tous les faux-plis de notre récit. Je m’embaume du souvenir de ta voix. Je m’escorte de ton miel jusqu’aux grandes portes célestes. Je me meurs de toi.

1 commentaire:

  1. Imagine la joie de tes enfants devenus adultes relisant ce poème et tous les autres ! Tu ne les a pas rangés dans une malle sous clé mais exposés au vu et au su de tous pour leur bonheur, leur inspiration et leur élévation. Ils pleureront de joie et de peine comme je le fais.
    "Je m'efface lettres par lettres". Quelle image grosse de beauté et de souffrance.
    Je suis persuadé que ton poème et cet extrait particulier apparaîtront dans l'anthologie de la poésie mondiale "C’est que vois-tu, le diable m’a conquise en reprenant savamment tes moindres traits. Ne vaut-il pas mieux d’une mort d’enfer à partager l’ombre de toi plutôt qu’une vie de paradis en t’oubliant tout à fait ?"
    Il y a un filon inépuisable de génie littéraire en toi.
    Abreuve-moi !J'attends ma bectance avec amour.

    RépondreSupprimer