mardi 23 mars 2010

Chapitre 6 – Bille d’eau de toi…

Je me noie sans répit dans la mer noire de ton regard. Stoïque, je m’inonde du flot incessant des vagues de ta présence. Je bois à langoureuses gorgées l’accord de notre partage. Submergée de jubilations, je m’échoue pourtant timidement en embruns de malaise sur les plages de tes joues.

De ta voix de feutre, tu guide mes pas, me laissant trop de place à être moi-même. Je te remets une bille bleue, petite boule de cristal par laquelle tu pourras me retrouver. Du moins c’est ce que je veux te laisser croire. Tu évoques d’un grand rire l’ironie de ma magie. Tu consacre par ta distance la puissance de tes talismans.

De toiles en photographies je me débusque de mes tranchées les plus intimes. J’avance en laissant dernière moi les pistes de la proie que je me suis employée à devenir. Tu me dévore sans me mordre. Tu fuse d’un peu partout en soulignant de te ta candeur, quelques allusions douces à nos écrits flamboyants.

Plusieurs fois, tu dresses habilement la table pour un festin de rires. Tu absous ma naïveté d’une surprenante contenance. Je dois m’asseoir un peu. J’ai l’âme en déluge d’émotions contradictoires. Je me réclame derrière la prison d’un cahier ou mes mots, pourront peut-être me protéger un peu.

Recluse dans un presque silence, j’en profite pour découvrir tes continents. Je me sens comme le verre d’eau que tu tiens dans tes mains, à la fois à moitié vide, à la fois à moitié pleine. Je me transpose en lui. Je deviens lac dans les vallons de ta verdoyante chemise. Je me ruissèle jusqu'au bas de ton dos pour devenir chutes sur tes cuisses, sur tes fesses.

J’écoute le ciel de ta voix qui, momentanément peuplé d’oiseaux Shakespearien, fait valser un mirobolant coucher de soleil. Doucement, je m’évapore dans la pièce afin de devenir qu’une fine brume tout autour de toi.

1 commentaire:

  1. Ce premier paragraphe aux allures marines est d'une rare beauté. J'y respire presque l'air salin de ses eaux profondes.
    Puis ce sont les allusions aux plaisirs de la création duale magnifiquement soulevés.
    Comme c'est vrai que les mots protègent de la réalité tout en s'y approchant au plus près lorsqu'on le veut comme toi belle écrivaine !
    Les mots et le langage sont dans la vie mais pas l'inverse, en tout cas jamais parfaitement même si toi, tu y arrives presque !
    Quelle finesse dans le style, quelle habileté d'expression.
    Tes écrits vibrent et je suis oreille à ton diapason

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