mardi 16 mars 2010

Chapître 5 - De l'autre côté des miroirs

Ce matin, la sublimité de tes propos a su faire de l’ombre à la plus pure des poésies.  La tête dans tes nuages, je souris intérieurement à l’idée d’un Baudelaire, d’un Musset et même d’un Nelligan complètement fustigés devant ta plume grandiloquente. Car, en près de trois décennies de subjugations littéraires, aucun autre avant toi n’avait réussi à me transporter si près de l’évocation paradisiaque. 

Ta passion, si élégamment traduite,  m’a foudroyé d’ivresse. Ta retenue gourmande m’a délicieusement confiné dans les abîmes de ta délivrance.  Je te relis et te relis encore, transformant nos égoïstes plaisirs en une fusion intemporelle.

Nichée dans l’habitacle de ma voiture, je suis l’Alice de tes miroirs.  Dans quelques minutes, je passerai comme elle de l’autre côté de notre monde intangible.   Je crains sa banalité. J’anticipe l’outre-gestes.  Je démantèle d’espoirs le malheur d’une incongruité.

 Je rédige, inquiète, l’envers de chaque scénario.  Et si nous n’y étions pas ? Et si le linceul de nos utopies se dépossédait soudain de sa cristalline possibilité d’accomplissement ?


Dehors, le vent s’empiffre de bourrasques maladroites. Je le prends en exemple et j’ouvre la portière sous ses manœuvres violentes.  Tête baissée, j’avance vers toi.  Cœur lourd, je m’ancre au sol comme à l’espoir d’un avenir apaisant. 

Le souffle retenu mais l’apparence fière, je cherche du regard le lieu de ta présence.  Sans m’avertir, tu m’attrape soudain dans les filets de la surprise.   Je me love dans l’accueil de ton charme timide.  J’y suis enfin, près de toi suspendue comme à un trapèze d’euphories.  J’entre lentement dans la forêt de tes œuvres, le corps friand, le cœur friable.

1 commentaire:

  1. Ce devait être un bien grand poète pour provoquer ces compliments grandioses !
    Je me demande même si j'ai le droit de lire ces lignes si intimes et magnifiques !
    Enfin, si tu les as déposées là c'est pour qu'on les voie !
    Quelle force de l'image ! Quel bonheur indicible partagé avec le lecteur !
    Du grand art ! :)

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